Les larmes invisibles…
Au moment où je m’engageais à suivre mon destin d’études médicales, j’étais au primaire; j’ai fait cette année scolaire chez mon père puisque j’avais tant besoin d’amour paternel bien que celui maternel fusse déjà là. Mais avant d’y aller, ma mère déçue m’a donné ce conseil : « Ma fille, la souffrance qui m’a fait quitter chez ton père quand tu étais à l’état fœtal âgé de cinq (5) mois te le fera quitter aussi ». Résolue d’y aller, je lui répondis : « Mère, accorde-moi ta bénédiction afin que je connaisse ce que c’est l’amour paternel ». Ceci étant, le premier jour m’a été inaccoutumé car depuis ma naissance je ne m’étais jamais séparée de ma modeste mère .Quelle nostalgie! La présence de mon frère, qui depuis leur séparation, vivait avec mon père me faisait garder mon sourire et j’oubliais l’absence de ma mère. Au fur et à mesure que le temps passait, je m’adaptais à mon nouvel endroit.
Après deux années de vie sans ma mère, mes problèmes dus, d’une part à ma marâtre et, d’autre part, à mon état sanitaire car chez ma mère j’étais toujours assistée dans mon bain mais me voila chez mon père avec des gales, quelle métamorphose ! Un beau matin, je me prépare à aller à l’école comme d’habitude mais cette fois avec une seule idée en tête : le retour immédiat chez ma mère. Mon objectif atteint, ma mère et moi étions les plus heureuses au monde. Quelle joie! Mon frère et moi grandissions séparemment mais nous étions dans le même état d’âme : la pitié de notre mère car nous lui avons suggéré de ne pas se remarier en gardant à l’esprit la faire revivre le foyer de notre père.
Vue mon éducation, l’aînée de mes tantes ne tarde pas à convaincre mon père pour que je devienne l’épouse de son fils en aventure. Cette proposition a pris son ampleur en 2009, l’année à la quelle je devais passer le brevet(BFM). Inquiète, je passais des nuits blanches, le cerveau tournant sur deux(2) sujets totalement divergents. Ma mère, soucieuse fait appel à mon oncle paternel en lui disant: « Beau, bien que je ne sois pas chez ton frère, je m’en soumets à sa décision mais une mise au point, essayez de vous renseigner sur l’occupation de votre neveux ». Mon oncle l’apaise en lui répondant : « belle sœur, sache que je ne saurais te suggérer un chemin jonché d’épines ». Ma mère me martèle : « Ami, dans le champ de Dieu jamais les mauvaises graines ne poussent, restons confiantes ». Ainsi, je néglige cette affaire de mariage et me focalise sur mes cahiers pour en fin décrocher mon examen avec un très bon résultat. Quel ouf de soulagement ! Cette histoire de mariage se calme pendant quelques années.
Et voilà, en 2012, lorsque je devais passer le Bac, ma tante donne la dot pour célébrer le mariage mais je m’oppose catégoriquement. Pour moi, le premier mari d’une femme est son métier et leur dit : « Le cerveau pour s’épanouir ne saurait penser sur un sujet sans conclure le précédent, alors accordez-moi la chance d’affronter mon Bac ». Mon oncle frustré par le comportement de ses sœurs me demande en privé: « Ami, donc après le Bac, que leur diras-tu ? » je lui dis: « oncle je m’en soumets à leur décision ». Derrière cette réponse, je priais Allah nuit et jour afin qu’il me dirige sur le chemin de bonheur.
Dans cette vie, jamais une fille instruite ne souhaiterait être l’épouse d’un homme dépourvu de tout bagage intellectuel : c’est un fait paradoxal. Avant de passer le Bac, son frère vient me dire : « Ami, il semblerait que mon frère s’est marié mais tôt ou tard la vérité rayonnera », ayant à l’idée le début de l’échec du mariage, je passe mon Bac et obtient un résultat avec mention.
Je m’inscris à l’Université Kofi Annan de Guinée pour l’option Médecine afin de suivre la voie de mon destin. Ce changement m’a bouleversé et j’aboutis à un résultat peu concluant, je décide donc de reprendre la classe tout en gardant cette affirmation d’Albert Einstein : « Le mal d’un échec est de rester là où l’on est tombé » En 2014, mon année de reprise, ce soi-disant mari rentre au pays. A son arrivée, le secret caché tant d’année est largement éventé : il s’était marié à une grecque et cela lui a coûté des troubles de vision. Dans cet état peu reluisant, ne sachant quoi faire, il juge nécessaire de rentrer mais hélas son arrivée a signé l’échec de leur projet de mariage. Ainsi, seules mes études restent mon souci. Quel épanouissement !
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